AFP
— Talons hauts, treillis militaires et bagues en or en forme
demitraillettes – le mélange de bang et de bling de la chanteuse a fait
d’elle la pom-pom girl la plus populaire de la guerre des Kurdes d’Irak
contre les djihadistes de Daesh.
Elle rend visite aux forces des
Peshmergas combattant le groupe de l’Etat Islmaique ou Daesh, qui s’est
emparé d’un tiers de l’Irak l’an dernier et elle a filmé sa dernière
vidéo musicale à Al-Khazr, tout proche des lignes djihadistes.
« Je
veux offrir tout ce que je peux aux Peshmergas parce que je me
considère comme l’une d’entre eux », confie à l’AFP la chanteuse âgée de
26 ans, à Erbil, la capitale du Kurdistan d’Irak.
« Je porte l’uniforme des Peshmergas dans la chanson afin de les encourager ».
 Sa
dernière vidéo musicale, pour une chanson intitulée « Révolution »,
commence par l’image d’un combattant peshmerga regardant une photo de
lui avec un jeune garçon, qu’on peut supposer être son fils, alors qu’on
entend des bombardements et des tirs d’armes à feu, à l’arrière-fond.
Il dépose la photo au fond de son casque et part combattre.
La
vidéo se tourne ensuite vers un village calme où les enfants jouent et
où les gens sont assis à boire le thé, mais il tombe soudaint sous les
tirs nourris des djihadistes en uniforme noir conduisant des véhicules
blindés, comme ceux saisis aux forces de sécurité irakiennes, dont un
tank.
Un enfant crie et les habitants fuient, mais Helly Luv –
portant de hauts talons en or, alors qu’un foulard rouge et blanc lui
couvre le visage – avance à grands pas dans l’autre sens, sur une
musique dramatique, en déployant une bannière face au tank, où on peut
lire : « Arrêtez la Violence ». .
Elle chante et danse près d’une
voiture où les mots « Meez fin à la Guerre » sont peints à la bombe sur
le côté, mais des séquences qui montrent les forces des peshmergas en
train de contreè-attaquer et des choeurs chantant « Nous continuerons le
combat » font clairement comprendre qu’elle veut dire que la
violence ne prendra fin que lorsque Daesh aura été vaincu.
Cette
vidéo musicale est rythmée de nombreux thèmes sur lesquels les
Peshmergas cherchent à mettre l’accent, depuis le début du conflit
contre Daesh, en juin de l’an dernier, en faisant la démonstration de
leur courage qui fait d’eux les défenseurs laïcs des innocents menacés
par la brutalité des djihadistes.
Afin de marteler ce message de
coexistence, le peuple marche, dans cette viséo, en arborant de larges
étendards et bannières portant des messages de paix dans diverses
langues et toute une s »érie de symboles religieux, y compris l’étoile
de David et la roue bouddhiste.

‘La Shakira Kurde’

Sa
vidéo et ses choeurs en anglais, s’ils semblent parfois « en faire
trop » et paraissent dignes de faire grincer les dents, sont efficaces
et semblent populaires, s’attirant plus de 700.000 visites sur YouTube
en moins de deux semaines après sa parution.
J’y appelle le Kurdistan et les pays du monde à s’unir pour combattre le terrorisme et l’injustice », explique Helly Luv.
« Je veux montrer au monde qui sont les forces peshmergas et qui est Daech », dit-elle.
Nawzad
Saleh, officier Peshmerga, affirme que depuis l’époque où les
Peshmergas étaient des rebelles combattant dans les montagnes, des
chanteurs ont créé des chansons pour les encourager au combat.
« Aujourd’hui,
les chanteurs kurdes ont commencé à chanter des chansons pour les
Peshmergas dans d’autres langues et c’est une belle étape qui débouchera
sur le fait que le monde apprendra à mieux connaître les Peshmergas et
ce qui les anime », dit-il en souriant.
Abdulrahman Ahmed,
combattant peshmerga, acquiesce, en insistant sur le fait que de tels
chants encouragera « La communauté internationale à sympathiser et à
coopérer de plus en plus avec nous et à nous soutenir en nous envoyant
des armes, pour continuer la lutte contre ces terroristes et les
éliminer une fois pour toutes ».
D’après sa biographie en ligne,
Helly Luv est née à Helan Abdulla en Iran, en 1988 et son grand-père
combattait déjà au sein des Peshmergas.
Sa famille a fui la
tyrannie de Saddam Hussein et elle a grandi principalement en Finlande,
avant de s’envoler pour Los Angeles, où elle est allée à 18 ans pour y
poursuivre une carrière musicale.
Avec ses amples déhanchements et
ses chevulures au vent, le style de rock chic de la « Shakira Kurde »
contraste radicalement avec les sombres « nasheeds » des bigots
fanatiques de Daesh – qui ont fleur sur les réseaux sociaux, au cours de
l’année passée.
Lorsque le groupe djihadiste Daesh s’est emparé
de larges bandes de territoires en Irak, en juin 2014 et s’est, ensuite,
attaqué aux Peshmergas, beaucoup d’Occidentaux ont commencé à tenir les
Kurdes pour l’étendard militaire et moral du monde libre combattant
contre Daesh.
Of filming in Al-Khazr, Helly Luv said: “There were
some who warned me against going there, but I insisted that filming be
in real places affected by Daesh terrorism.”
Sur le fait d’avoir
filmé sur le front à Al-Khazr, Helly Luv affirme : « Nombreux sont ceux
qui ont voulu m’avertir de ne pas me rendre ici, mais j’ai insisté sur
le fait qu’il faut filmé sur les endroits réels qui subissent les
agressions du terrorisme de Daesh ».
En effet, à la fin du clip,
un tir proche interrompt l’interview contraignant la chanteuse à rentrer
la tête pour en éviter les éclats…

Par ABDEL HAMID ZEBARI June 13 juin 2015, 12:56 pm
Adaptation : Marc Brzustowski.