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Γενικά θέματα , Ελλάδα 4 Απριλίου 2015

Grèce : autopsier la dette pour trouver les coupables

par

Fabien Perrier

En lançant une commission parlementaire de la dette
notamment chargée d’en établir la part illégitime, le pouvoir grec
ouvre un nouveau front dans sa bataille contre l’Europe. Et une boîte de
Pandore qui menace déjà les dirigeants de celle-ci.

C’est une première historique.
Pour la première fois en Europe a été annoncée la constitution d’une
« commission parlementaire de la dette »,
le 17 mars, à la Vouli, l’assemblée grecque. Zoe Konstantopoulou, la
présidente de l’institution du peuple, accueillait la presse en présence
d’Éric Toussaint, fondateur et porte-parole du CADTM (Comité
d’annulation de la dette du Tiers-Monde), ex-conseiller de Rafael Correa
et de Sofia Sakorafa.

Cette ancienne championne olympique de javelot, reconvertie dans la politique |1|
sera une « excellente ambassadrice » pour porter les conclusions du
projet sur la scène nationale, européenne et internationale, et
identifier la part de la dette qui devra être annulée, a expliqué la
présidente de la Vouli. Quant à Eric Toussaint, il sera chargé de la
partie scientifique au sein de la commission « composée de personnalités
éminentes sur le plan international », selon Zoe Konstantopoulou |2|.

« Le peuple grec va apprendre la vérité »

« Aucun gouvernement grec n’a voulu jusqu’alors jeter la lumière sur
la façon dont nous en étions arrivés là », précise Sofia Sakorafa. En
2010, lorsque la « crise grecque » a éclaté au grand jour, le poids de
la dette représentait environ 140% du PIB
national. Aujourd’hui, cette part s’élève à 175%… malgré une
restructuration en 2012. « Dans un entretien, M. Schäuble [le ministre
allemand des Finances, NDLR] a déclaré qu’il était temps que les Grecs
apprennent la vérité, sourit l’eurodéputée. Je tiens à le rassurer : le
peuple grec va apprendre la vérité. Le peuple grec va apprendre comment
nous en sommes arrivés à payer de telles sommes d’argent et à qui nous
les devons. » Allusion à peine voilée aux scandales de corruption dans
lesquels des entreprises comme le groupe allemand Siemens sont
impliqués, ou au poids du budget de la défense dans le budget grec…
dont la France tire profit via la vente d’armes ou d’avions.

En ce sens, dévoiler la composition et les origines de la dette
grecque constitue un acte technique à portée hautement politique. « Le
parlement grec va donner à l’ensemble des peuples d’Europe, et des
parlements d’Europe un exemple extraordinaire », a ainsi déclaré Éric
Toussaint. Premier enjeu à ses yeux : savoir quelle partie de la dette
est soutenable, quelle autre est insoutenable, c’est-à-dire dont le
remboursement par les pouvoirs publics empêche la satisfaction des
besoins humains fondamentaux.

Cette commission parlementaire devra donc distinguer entre la dette
légitime (qui a servi à l’intérêt général, par exemple pour des
investissements d’éducation ou de santé), celle illégitime (contractée
sans respecter l’intérêt général, mais pour favoriser l’intérêt d’une
minorité), celle illégale (sans respecter le droit constitutionnel ou
l’ordre juridique en vigueur dans le pays qui s’est endetté) et, enfin,
celle odieuse (contractée par un régime despotique ou en violant et à la
condition de violer des droits humains fondamentaux) |3|.

L’impossible aveu des Européens

Le lancement de cette commission semble une arme potentiellement
redoutable pour les dirigeants européens. Ils font actuellement
pression, d’une part sur la Grèce pour qu’elle rembourse au centime prêt
toutes les dettes contractées, d’autre part sur le nouveau gouvernement
dirigé par Alexis Tsipras, pour qu’il n’applique pas ses promesses
essentielles – comme la loi humanitaire prévoyant la fourniture
d’électricité aux foyers les plus pauvres ou la distribution de bons
d’alimentation.

En effet, Declan Costello, représentant de la Commission européenne
parmi les créanciers de la Grèce, aurait rédigé le 17 mars, après une
téléconférence des experts techniques de l’Eurogroupe, un message
demandant « fermement » la mise en place « préalable » de
« consultations appropriées » avant de faire voter le 18 mars la loi
humanitaire. En outre, les déclarations selon lesquelles le pays serait
de nouveau à court de liquidités se multiplient… comme celles selon
lesquelles Athènes pourrait finir par sortir de l’euro. Pour les
dirigeants européens qui, depuis 2010, ne jurent que par l’austérité en
Grèce et dans l’UE, réduire la dette signifie qu’ils se sont trompés, le
reconnaître et l’accepter. Un aveu impossible pour eux, Allemands en
tête.

C’est donc un nouveau front qui s’ouvre pour la bataille économique
et politique en cours. Et la Grèce se dote d’arguments avec la création
de cette commission. L’objectif est qu’au mois de juin, le pays puisse
faire pression et « parvienne à un concours efficace et à une
participation directe des différentes instances, ministères, entités
publiques ou d’entités ayant une nature internationale », a reconnu Zoe
Konstandopoulou. Comme s’il s’agissait de prévenir qu’ensuite, cette
juriste de renom serait prête à utiliser aussi des armes juridiques dans
les institutions européennes et internationales. Après avoir été le
laboratoire de l’austérité, la Grèce se veut celui des luttes et des
alternatives.

 

Notes

|1|
Elle s’est distinguée en mai 2010 quand, députée du Pasok
(centre-gauche grec), elle a dénoncé la signature des mémorandums, qui
développaient les politiques à appliquer dans une Grèce au bord d’un
défaut de paiement en échange d’un prêt accordé par le FMI, la
Commission européenne et la BCE. Depuis, elle a rejoint les rangs de
Syriza, pour lequel elle a été élue députée au Parlement européen et a
fait de la question de la dette un de ses chevaux de bataille.

|2|
Étaient aussi présents Giorgos Katrougalos, ministre délégué à la
Réforme de l’État, constitutionnaliste de renom, le troisième
vice-président du Parlement et des représentants de la société civile,
comme Giorgos Mitralias, qui se sont penchés depuis très longtemps sur
la question de la dette grecque et ont dénoncé l’instrument de
domination qu’elle constitue.

|3|
De nouveau, une analyse précise dans le temps est nécessaire. Car si la
dette grecque reste extrêmement lourde (320 milliards d’euros), elle
est aujourd’hui détenue à près de 80% par des organismes publics. Et les
premiers à avoir été sauvés par les « plans de sauvetage » de la Grèce
ont été… les banques.

Voir en ligne : http://www.regards.fr/web/article/g…


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