Γενικά θέματα , Ελλάδα 9 Φεβρουαρίου 2015

Syriza : « Un grain de sable dans l’engrenage »

Syriza : « Un grain de sable dans l’engrenage »
Eric Toussaint interviewé par Benito Perez (quotidien Le Courrier à Genève)
Toussaint SyrizaEric Toussaint • Spécialiste des dettes publiques, l’ancien
conseiller économique de gouvernements progressistes sud-américains
analyse pour « Le Courrier » les débuts de Syriza à la tête de l’État
grec.
Eric Toussaint a les traits tirés par une semaine éprouvante.
L’esprit demeure pourtant clair et l’enthousiasme intact : la victoire
de Syriza aux législatives grecques a ouvert une de ces parenthèses où
l’Histoire s’accélère et s’écrit soudain sous nos yeux.

Politologue
rompu aux questions économiques, le fondateur et porte-parole du Comité
pour l’annulation de la dettedu
tiers-monde (CADTM) est un observateur-clé de la bataille qui s’est
engagée entre la Grèce et ses créanciers, principalement les Etats du
Nord de l’Europe. En atteste l’intérêt soulevé par ses interventions
samedi, à Genève, lors de la Journée de réflexion sur l’économie,
organisée par Le Courrier. Ancien conseiller du gouvernement équatorien
et du président du Paraguay (Fernando Lugo), le Belge a également été
approché par Syriza. En attendant une éventuelle implication, Eric
Toussaint ne met pas la langue dans sa poche et observe l’expérience
grecque avec un œil bienveillant mais critique. 

Comment jugez-vous les premiers pas du gouvernement de Syriza sur le plan économique ?

Eric Toussaint : Les premières
mesures reviennent sur une série de politiques injustes, impopulaires et
néfastes pour le pays. Très concrètement, le gouvernement a octroyé la
gratuité de l’électricité aux 300000 ménages qui étaient sans courant ;
rétabli le salaire minimum légal à son niveau antérieur (751euros),
réengagé 3500travailleurs licenciés ; dissous l’organe créé par la Troïka pour
gérer les privatisations ; renoncé à la vente des ports du Pirée et de
Thessalonique… En somme, le gouvernement a montré qu’il respecterait le
mandat confié par la population grecque. On ne peut que s’en réjouir. 

La composition du gouvernement, avec la nomination de Yanis
Varoufakis au poste-clé des Finances, est-elle conforme à cet état
d’esprit ?

Pour ma part, je regrette qu’il n’y ait que des hommes parmi les dix
« super-ministres », même si plusieurs femmes figurent à des
vices-ministères importants. Sur le plan économique, si Varoufakis
occupe le devant de la scène, l’homme-clé est [le vice-premier ministre]
Yannis Dragasakis, qui appartient plutôt au secteur modéré de Syriza.
Ce gouvernement est le produit de savants équilibres. De mon côté, je
relèverais la présence très importante de Giorgos Katrougalos, chargé de
la Réforme administrative, celui-là même qui vient d’annoncer la
réembauche des personnes licenciées. Ce juriste est à l’origine, avec
nous, de l’Initiative pour un audit citoyen de la dette grecque ! 

La nomination de Panos Kammenos à la Défense et l’alliance de
Syriza avec son parti de droite AN.EL rend toutefois plus difficile
l’application d’autres promesses électorales, dont la volonté de faire
payer l’Église et d’amaigrir la vache sacrée qu’est l’armée.

Oui. Ce sont deux concessions préoccupantes. Depuis un an et demi,
Alexis Tsipras multiplie les déclarations positives sur l’Eglise, sur
son rôle pour penser les blessures sociales causées par l’austérité. Il
en oublie de rappeler la nécessité, pour ce gros propriétaire foncier,
de contribuer davantage aux finances publiques.
Quant à la présence de Kammenos à la Défense, elle est bien sûr un
message à l’armée : Syriza n’y touchera pas. Or le budget militaire grec
est, proportionnellement, l’un des plus importants de l’Union
européenne. L’Allemagne et la France, qui fournissent principalement
l’armée grecque, ont d’ailleurs veillé à ce que les gouvernements
successifs limitent dans ce domaine leurs efforts d’austérité. Cela dit,
Kammenos a été flanqué d’un garde-fou en la personne du vice-ministre
Costas Ysichos, un Gréco-Argentin, ancien de la guérilla des Montoneros,
situé à la gauche de Syriza.
Je relèverais aussi que, malgré la présence en son sein d’un parti
aux relents racistes, le gouvernement a immédiatement décidé l’octroi de
la nationalité grecque aux enfants de migrants nés ou ayant grandi au
pays. C’est important dans le contexte grec, alors que le précédent
gouvernement avait fait vibrer la corde xénophobe. Syriza montre ici que
l’alliance avec AN.EL s’arrête aux questions économiques et qu’elle
n’en fera pas payer le prix aux migrants. 

Sur la question centrale de la dette, des voix à Syriza prônent un moratoire sur les remboursements, qui devraient être indexés sur la croissance.
Si c’est le cas, c’est déjà une évolution de la position grecque,
probablement due aux réactions très vives et très négatives de
différents personnages clés de la zone euro, ceux-ci laissant au mieux
entrevoir un rééchelonnement des remboursements… La suspension de
paiement, tout comme l’audit de la dette, font en effet partie des armes
envisagées publiquement par Syriza, mais uniquement en second recours.
La stratégie première du gouvernement est de réclamer une négociation et
de convoquer une conférence internationale sur toutes les dettes. Il y a
aussi la volonté de placer le débat au cœur des institutions
européennes, en rejetant l’illégitime Troïka (Banque centrale, FMI, UE). 

Les fronts paraissent donc figés. Jeu de dupes pour faire monter les enchères ou dialogue impossible ?
Je penche pour la seconde option. Syriza propose deux choses
élémentaires : on maintient l’équilibre budgétaire – ce dont peu de
gouvernements européens peuvent se vanter – mais nous répartissons
différemment les charges, allégeant celles qui pèsent sur les victimes
de la crise, et alourdissant celles des gagnants. Deux : on négocie
l’allègement de la dette. Or, pour les dirigeants européens, la dette
est l’instrument pour imposer les mesures néolibérales de l’ajustement
structurel que Syriza a justement décidé de stopper. Aucun compromis ne
paraît donc possible. A la limite, si Syriza avait dit : ‘nous
continuons le modèle néolibéral mais vous allégez la dette’, l’UE aurait
peut-être accepté. En fait, l’Europe exige que Tsipras renie sa parole.
Probablement lui a-t-on dit : ‘Regardez Hollande, il l’a bien fait
avant vous, faites comme tout le monde, comportez vous normalement et
suivez la voie tracée’…
L’élément important de cette semaine, c’est que Syriza a d’ores et
déjà mis un grain de sable dans l’engrenage et ça, c’est décisif. 

De quelles armes disposent chaque camp pour remporter ce bras-de-fer inévitable ?

L’arme de Syriza : suspendre les remboursements

Les chiffres illustrent le défi posé en 2015. La Grèce doit
rembourser 21 milliards d’euros en plusieurs fois, les principales
échéances étant en mars et en juillet-août. Il était prévu, par l’ancien
gouvernement et par la Troïka, que cette dernière prête l’argent
nécessaire pour que la Grèce honore ces remboursements à condition de
poursuivre les privatisations et le reste du plan d’austérité.
Dans cette situation, l’arme de Syriza est simple : suspendre le
paiement. Ensuite, à mon sens, le gouvernement grec devrait créer une
commission d’audit pour déterminer quelles créancessont
légitimes et doivent être remboursées. L’audit peut donner des
arguments en droit pour fonder une suspension du remboursement voire
d’une répudiation de dettes illégales, c’est-à-dire contractées sans
respecter l’ordre interne du pays ou les traités internationaux.
J’ai trouvé une disposition réglementaire de l’UE adoptée en 2013 qui
contraint tout pays sous ajustement structurel à auditer sa dette, afin
d’expliquer pourquoi celle-ci atteint de tels montants et
éventuellement de repérer des irrégularités. 

Comment une dette contractée volontairement par un gouvernement démocratique peut-elle être illégitime ?
Principalement par le fait que ces prêts ont été octroyés à des
conditions abusives. On a obligé la Grèce à mener des politiques de
contre-réforme sociale qui violaient un certain nombre de droits, ainsi
qu’une politique d’austérité qui a détruit l’économie et rendu
impossible le remboursement. On peut aussi démontrer que le gouvernement
a agi illégalement au profit d’intérêts particuliers, ce qui rendrait
la transaction nulle. Un audit de la dette grecque est facile à
réaliser : 80% de celle-ci est aux mains de la Troïka et remonte au plus
tôt à 2010. 

Vous l’avez dit, la majorité des créances grecques sont
depuis lors en mains publiques européennes. N’est-ce pas injuste de
faire payer le contribuable européen ?

Les parlements de ces pays ont accepté ces prêts sous des prétextes
mensongers. On disait : ‘il faut sauver la Grèce’, ‘aider les pauvres
retraités grecs’, alors qu’en réalité, les gouvernements français,
allemand, belge avaient été sollicités par leurs banques, inquiètes de
voir la Grèce ne plus être en mesure de rembourser leurs prêts à haut
risque et à très haut taux. L’objectif de Merkel et Sarkozy était de
permettre à leurs banques de se désengager sans dommages, tout en
profitant d’imposer des mesures antisociales et des privatisations. En
réalité, il ne s’agissait pas de sauver les retraites grecques mais bien
de les réduire ! En conséquence, si l’opération a servi à sauver les
banques créancières, les gouvernements n’ont qu’à prélever le coût de
l’annulation des dettes par un impôt sur ces établissements.

En réalité, les sommes en jeu ne sont pas si importantes pour l’UE.
L’absence de réaction des bourses internationales montre bien qu’il n’y a
pas de risque systémique. Le blocage actuel est davantage une question
idéologique. Le risque, pour l’UE, est de créer un précédent, d’un pays
qui pourrait rester dans l’Union sans appliquer les politiques
néolibérales. Faire échouer Syriza est un message envoyé aux électeurs
chypriotes, portugais, irlandais ou espagnols. En particulier à ces
derniers, qui pourraient être tentés par un vote Podemos dans quelques
mois. 

Concrètement, une suspension du remboursement des créances
signifierait l’arrêt des versements européens et l’explosion, pour la
Grèce, des taux d’intérêts sur les marchés de capitaux. L’État
pourrait-il manquer de liquidités ?

Non. Rien n’indique que le budget ne serait plus à l’équilibre, dès
lors, la Grèce n’a pas besoin de fonds qui iraient de toute façon au
remboursement. Quant à la part des financements grecs obtenus sur les marchés
financiers, elle est minime. De toute façon, ces taux ont déjà explosé
depuis huit jours, alors même que la suspension n’est pas actionnée. 

Quelles sont les armes à disposition de l’UE pour étrangler la Grèce ?
Les banques grecques vont très mal, d’autant plus mal que leurs
propriétaires organisent leur décapitalisation comme on l’a vu en bourse. Or ces banques reçoivent des prêts de la Banque
centrale européenne (BCE) pour leur assurer des liquidités. Je pense
que la BCE pourrait bloquer ces prêts au risque de voir le système
bancaire grec s’effondrer. Face à cela, la Grèce devra agir rapidement,
exproprier les propriétaires des établissements et les transformer en
service public. Mais cela impliquerait une radicalisation du projet de
Syriza. 

Le gouvernement grec peut-il espérer de vrais soutiens internationaux ?
Des mouvements sociaux, oui ! On l’a vu ces dernières semaines, de
nombreux mouvements qui n’avaient jamais appelé à voter pour un parti
ont franchi le pas ! Ce soutien, notamment au sein des grands pays de
l’UE, peut être très important. Si de grands syndicats allemands comme
DGB ou Verdi soutenaient ouvertement Syriza et disaient au gouvernement
SPD-CDU ‘bas les pattes de la Grèce’, ça pourrait peser. Au niveau des
États, hors de l’UE, on peut aussi imaginer que des gouvernements
soutiennent la Grèce dans une optique opportuniste, je pense notamment à
la Russie. Si elle venait à prêter quelques milliards à des taux très
bas sans poser de conditions, cela pourrait aider la Grèce. Bien sûr, je
préfèrerais que ce soient d’autres gouvernements. Il y a dix ans, Hugo
Chávez en aurait certainement pris l’initiative. Mais aujourd’hui le
Venezuela n’en a plus la capacité financière. 

Une question agite beaucoup les économistes : la rupture
préconisée par Syriza est-elle possible ou non sans sortir de l’euro ?
Qu’en pensez-vous ?

“Tout ça pour réguler un peu le capitalisme ?!”

Eh bien, on va voir ! Syriza a une très bonne formule : ‘aucun
sacrifice pour l’euro’, car ça n’en vaut pas la peine. Syriza ne prendra
l’initiative de quitter la zone euro que contraint, car la majorité des
Grecs demeure attachée à la monnaie unique. De plus, une sortie
n’aurait d’intérêt qu’en cas de nationalisation des banques et de
contrôle strict des mouvements de capitaux, ce qui explique des
réticences dans l’aile la moins radicale de Syriza. Plus généralement,
une telle décision augmenterait le niveau de conflictualité avec
l’Europe.
L’intérêt, pour le gouvernement, serait de pouvoir s’endetter dans
une nouvelle monnaie nationale auprès de sa Banque nationale. A
condition bien sûr que la population garde confiance dans ce « nouveau
drachme ». On pourrait aussi imaginer une réforme monétaire
redistributrice, avec un taux de change différencié selon le volume de
la transaction, afin de favoriser les moins riches. Cela a déjà été
fait, par exemple en Belgique juste au lendemain de la seconde guerre
mondiale, et permet aussi de lutter contre l’inflation (voir encadré « Réforme monétaire redistributive »).
En revanche, une dévaluation pour
rendre les exportations grecques plus attractives serait risquée pour
le pouvoir d’achat des Grecs. Et ce serait rester dans la même logique
de compétitivité. 

Les pays de la zone euro n’ont, eux, aucun intérêt à expulser la Grèce.
Non, si ce n’est peut-être comme une punition politique. Pour montrer
ce qu’il en coûte de se révolter… Mais il n’existe aucun mécanisme
légal pour le faire ! 

Dans le contexte actuel, les mesures du gouvernement de
Syriza sont courageuses, mais elles consistent quand même principalement
à des retours à une situation antérieure pas vraiment très
progressiste. Il y a aussi cet appel à un New Dealeuropéen. Quel est, au fond, le projet politique de Syriza ?

Franchement, je me pose la même question. Mais le calendrier est tel,
qu’on va le savoir dès les prochains moins. Jusqu’à présent, l’option
était de revenir à un peu d’État social. On est encore loin de revenir à
la situation précédente ! Au-delà de Syriza, ma préoccupation est que
la gauche radicale européenne n’envisage plus une alternative de pouvoir
hors du cadre d’un capitalisme réglementé. Certes, le rapport de force
n’est pas bon et la restauration de droits sociaux est déjà une avancée.
Mais il y a eu tant de sacrifice ! Le capitalisme a montré si
clairement là où il nous menait, qu’il y a de quoi donner une chance à
un projet émancipateur ou socialiste, appelons-le comme on veut, du
moment qu’il mette fin à l’injustice sociale et que la population
participe directement aux choix politiques et économiques de la société.
Je trouverais regrettable que toutes ces souffrances, tous ces efforts
ne débouchent que sur du capitalisme un peu régulé. Évidemment, il faut
mener ces transformations avec l’accord de la population, à son rythme.
Syriza a été élu pour remettre un peu de justice sociale, pas sur un
programme d’émancipation. Mais pour entraîner la population, il faut
pouvoir lui présenter un projet, une perspective. Et en ce domaine, il y
a un vrai déficit de réflexion et d’élaboration. 

Réforme monétaire redistributive |1|
Une
redistribution des richesses peut également être réalisée par le biais
d’une réforme monétaire appropriée. Sans développer ici, on peut
s’inspirer de la réforme monétaire réalisée après la Seconde Guerre
mondiale par le gouvernement belge ou, à un autre coin de la planète et à
une autre époque, par les autorités nicaraguayennes en 1985. Elle vise à
opérer une ponction notamment sur les revenus de ceux et celles qui se
sont enrichis sur le dos des autres. Le principe est simple : il s’agit,
lors d’un changement de monnaie, de ne garantir la parité automatique
entre l’ancienne et la nouvelle monnaie (un ancien euro contre un
nouveau drachme par exemple) que jusqu’à un certain plafond.
Au-dessus de ce plafond, la somme excédentaire doit être placée sur
un compte bloqué et son origine, justifiée et authentifiée. En principe,
ce qui excède le plafond fixé est changé à un taux moins favorable (par
exemple : deux anciens euros contre un nouveau drachme) ; en cas
d’origine délictueuse avérée, la somme peut être saisie. Une telle
réforme monétaire permet de répartir une partie de la richesse de
manière plus juste socialement. Un autre objectif de la réforme est de
diminuer la masse monétaire en circulation de manière à lutter contre
des tendances inflationnistes. Pour qu’elle soit efficace, il faut avoir
établi un contrôle strict sur les mouvements de capitaux et sur les
changes.
Voici un exemple (bien sûr les barèmes indiqués peuvent être
largement modifiés après une étude sérieuse de la répartition de
l’épargne liquide des ménages et l’adoption de critères rigoureux) :
1€ s’échangerait contre 1 Drachme nouveau jusque 200.000 €
1€ = 0,7 Drachme nouveau entre 200.000 et 250.000 €
1€ = 0,6 Drachme nouveau entre 250.000 et 350.000 €
1€ = 0,5 Drachme nouveau entre 350.000 et 500.000 €
1€ = 0,4 Drachme nouveau entre 500.000 et 600.000 €
1€ = 0,2 Drachme nouveau au dessus de 600.000 €
1€ = 0,1 Drachme nouveau au dessus d’un million d’euros
Si un foyer a 200.000 € en liquide, il obtient en échange 200.000 Drachmes nouveaux
S’il a 250.000 €, il obtient 200.000 + 35.000 = 235.000 Drachmes nouveaux (D.n.)
S’il a 350.000 €, il obtient 200.000 + 35.000 + 60.000 = 295.000 D.n.
S’il a 500.000 €, il obtient 200.000 + 35.000 + 60.000 + 75.000 = 370.000 D. n.
S’il a 600.000 €, il obtient 200.000 + 35.000 + 60.000 + 75.000 + 40.000 = 415.000 D.n.
S’il a 1 million €, il obtient 415.000 + 80.000 = 495.000 D.n.
S’il a 2 millions €, il obtient 415.000 + 80.000 + 100.000 = 595.000 D.n.

mondialisation

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